En 2022, la réforme des conservatoires continue d'interroger

En 2022 lé réforme des conservatoires continue d'interroger

Tout commence avec la loi relative à la liberté de la création, à l’architecture et au patrimoine, plus communément appelée loi LCAP ou CAP, parue en juillet 2016. Dédiée à différents volets de l’art et du patrimoine, la loi vise notamment la modernisation des pratiques et la protection de la création en toute liberté.

La réforme des conservatoires fait suite aux dispositions prévues dans les textes, et se déploie progressivement depuis 2019. Elle reste controversée, à la fois à cause de sa façon expérimentale et rapide d’instaurer des nouvelles pratiques, et à cause de certaines décisions incomprises par les établissements d’enseignement de la musique.

Quels sont les enjeux de la réforme des conservatoire ? Comment va-t-elle atteindre ses objectifs, et pourquoi les conservatoires peinent-ils à accepter ses directives ?

L’ébauche théorique de la réforme des conservatoires

L’association Conservatoires de France indiquait avoir participé en 2018 à deux réunions, dont l’objectif était de faire entendre sa voix en ce qui concerne plusieurs aspects de la réforme des conservatoires. Les thématiques suivantes ont ainsi été abordées :

  • le nouveau schéma national d’orientation pédagogique (SNOP) ;
  • les critères de classement des conservatoires ;
  • la mise en place du dispositif de labellisation des établissements ou des réseaux d’établissements ;
  • le diplôme national et l’abolition éventuelle des DEM/C/T et du DNOP.

Au cœur de ces discussions règnent différentes préoccupations, dont celle d’offrir un accès à la pratique musicale et artistique plus diversifié, qu’importe l’origine sociale des élèves. La réforme voudrait faire tomber les barrières virtuelles, ou parfois physiques, qui freinent l’intégration des jeunes éloignés du milieu artistique. C’est notamment en visant la création de trois parcours (études, projet et libre) que les textes de loi voudraient à la fois personnaliser et diversifier l’enseignement.

L’absence de réflexion collective continue

À l’issue de ces deux réunions de 3 heures, le travail collectif avec l’association Conservatoires de France n’a pas été poursuivi. Les modifications posées par la réforme sont en effet expérimentées au grès des établissements et des régions, de façon à fournir des données statistiques claires sur leur efficacité ou non.

C’est ce que regrette notamment l’association, qui voudrait pouvoir poursuivre les échanges avant la mise en place arbitraire de terrains expérimentaux, dont l’inégalité sur le territoire rend tout le système quelque peu bancal.

Les grands axes de la réforme des conservatoires

Avec la crise sanitaire, la réforme des conservatoires a accumulé du retard que le Sénat souhaiterait rattraper, comme il l’indiquait dans un rapport de février 2022. Les principaux axes de la réforme sont bel et bien définis, mais ils posent encore question aux responsables d’établissements qui, pour nombre d’entre eux, aimeraient que la discussion se prolonge avant la mise en place des dispositions.

La création du diplôme national

Actuellement, le diplôme délivré en fin de cursus de conservatoire à rayonnement régional (CRR) ou départemental (CRD) est le diplôme d’études musicales (DEM), baptisé diplôme d’études chorégraphiques (DEC) pour la danse ou diplôme d’études théâtrales (DET) pour le cursus de théâtre.

Le problème de ce diplôme, c’est qu’il n’offre aucune reconnaissance dans le milieu universitaire ou à l’étranger. Alors qu’il concentre une maîtrise théorique et pratique très fine de l’instrument et de la musique, il n’est même pas équivalent à un diplôme d’études supérieures.

Sur ce point, Conservatoires de France s’avère en accord avec la réforme pour la création d’un diplôme national. Toutefois, la perspective de mettre également en place un diplôme national de pratique amateur pose question : pourquoi vouloir sanctionner d’un document la pratique, même poussée, d’un loisir artistique ? Est-ce que cela n’enlèverait pas du crédit au diplôme national ?

Le classement des conservatoires

Les conservatoires sont classés en trois groupes, en fonction du contenu pédagogique qu’ils offrent, de leur rayonnement, de la variété de l’offre musicale, dramatique et chorégraphique proposée :

  • les conservatoires à rayonnement communal ou intercommunal (CRC et CRI) ;
  • les conservatoires à rayonnement départemental (CRD) ;
  • les conservatoires à rayonnement régional (CRR).

La réforme des conservatoires propose l’abolition du classement et la mise en place de certifications, qui viendraient souligner les spécificités de chaque établissement. La labellisation se produirait selon deux grades. Le grade 1 offrirait 2 spécialités minimum dans les 3 cycles, le grade 2 offrirait 2 spécialités minimum dans les 2 premiers cycles.

Les craintes liées à ce changement sont, d’une part, la possible perte de financement pour les CRC ou CRI qui ne peuvent souscrire aux obligations du grade 2, et, d’autre part, la fragilité des cursus d’art dramatique qui, n’étant plus obligatoires, pourraient disparaître facilement.

Des labels attribués sans limite de durée

Alors que les dispositions actuelles prévoient un classement des conservatoires par le Ministère, renouvelable tous les 5 ans, la réforme des conservatoires attribuerait un label sans limitation de durée, à condition que l’établissement souscrive toujours aux conditions requises.

La mise en application de cette façon de procéder fait craindre à certains établissements la multiplication des contrôles. Elle limite aussi l’impact des réseaux d’établissements sur le territoire, qui conditionnent souvent l’offre mise en place par le conservatoire.

De bonnes idées : intégrer des populations éloignées du milieu artistique

Vouloir changer son image trop élitiste, c’est un objectif qui concerne le conservatoire de façon générale depuis plusieurs années. L’intégration de jeunes issus de milieux sociaux difficiles, voire en situation de handicap, permettrait une meilleure diversité du public accueilli. Le tirage au sort institué au Conservatoire de Paris pour les primo-accédants entre déjà dans cette idée de rendre l’accès à la culture plus égalitaire.

S’appuyer sur des outils qui favorisent le travail en autonomie

En dehors du conservatoire, l’élève peut être livré à lui-même, surtout si l’entourage n’a pas les connaissances suffisantes pour l’accompagner dans son apprentissage. Il est donc essentiel que les conservatoires proposent des outils d’aide facilement accessibles depuis n’importe quel endroit.

NomadPlay a pour vocation d’être utilisée partout : à la maison, à l’école, en studio, à l’extérieur, en vacances… Cette application propose un vaste choix de partitions classiques et jazz. Son principal atout réside dans la qualité premium des enregistrements audios qui accompagnent le musicien. En effet, toutes les pistes vocales et instrumentales proviennent de prestations professionnelles.

NomadPlay, c’est aussi l’intuitivité d’une application faite pour les musiciens, avec des fonctionnalités aussi pratiques que ludiques : gestion du tempo, ajout de notes personnelles sur la partition, création de boucles pour répéter un passage, mise en sourdine de certaines pistes instrumentales, et bien d’autres.

En conclusion, le flou de la réforme doit être dissipé

Ce que demandent finalement les conservatoires, c’est que les changements soient assumés après réflexion et concertation, et non expérimentés au hasard dans des régions ou des établissements éloignés les uns des autres.

Le regain d’intérêt du Sénat pour la réforme des conservatoires devrait en tous les cas remettre le sujet sur la table, afin que chacun comprenne bien les enjeux des modifications apportées au fonctionnement actuel.

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